Prier avec son corps

Ne disons-pas trop vite des gestes de la prière personnelle ou communautaire : « ce n’est pas mon style ! ».

Notre prière a tendance à devenir très intellectuelle. À cela s’ajoute une certaine méfiance vis-à-vis du corps…

C’est bien tout notre être, corps et esprit indissociablement liés qui est appelé à se tourner vers le Dieu qui s’est Lui-même incarné : « Tu n’as voulu ni sacrifice, ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps (…) Alors j’ai dit : voici je viens(…) pour faire, ô Dieu, ta volonté » (He 10, 5-7).

Regardons les grands priants de la Bible : ils prient en levant les mains : Moïse, par exemple, lève les bras de l’intercession (Ex 17, 10), en battant des mains (les psaumes nous le montrent souvent), en levant les yeux, tel Jésus s’adressant à son Père (Jn 17, 1), en se prosternant comme l’Aveugle-né devant Jésus Fils de Dieu (Jn 9, 38). Et quand nous ne trouvons plus les mots de la prière ou n’avons plus la force de les dire, il ne reste parfois que le langage du corps.

 

Quelques exemples d’attitudes qui peuvent nous aider à prier :

Le signe de la croix : il est à la fois l’évocation de la croix, signe de la mort et de la résurrection du Christ et l’évocation de notre baptême :

Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Mt 28,18-20

 

  • Se tenir debout : c’est la position de l’homme ressuscité. Le concile de Nicée (d’où nous vient notre profession de foi) interdit de se mettre à genoux le dimanche (canon 20 du concile), par respect pour un Dieu qui nous veut debout et en marche !

 

  • Assis: c’est une attitude détendue qui permet l’écoute attentive disponible et familière, comme celle de deux amis qui discutent.
  • C’est la position de David qui vient auprès du Seigneur après que le prophète Natan lui ait annoncé que Dieu lui bâtirai une maison (lignée).

 » Le roi David vint s’asseoir en présence du Seigneur. Il dit : « Qui suis-je donc, Seigneur Dieu, et qu’est-ce que ma maison, pour que tu m’aies conduit jusqu’ici ? » 1 Chroniques 17,16

  • C’est la position de Marie, la sœur de Marthe.

 » Marie, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole (de Jésus).  Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. » Luc 10,39-42

La position « assis – à genoux » (sur un banc de prière) exprime la même chose.

  • L’inclination : plus ou moins profonde, elle est un geste de salutation et de respect ; elle peut s’accompagner d’un ample signe de croix (belle pratique habituelle des orthodoxes : je m’habille de la croix).

 La prosternation : c’est l’attitude  qui nous fait reconnaître que nous sommes  en présence de Dieu : « Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui (Jésus), et ils lui dirent :  Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! «  Mt 14,33. C’est une attitude  d’adoration, de remise de tout notre être à Dieu, comme au jour de l’ordination, où au début de l’office du Vendredi Saint.

S’agenouiller, est une attitude pénitentielle. Selon saint Basile, se mettre à genoux, «c’est montrer que le péché nous a jetés à terre» (Basile, Traité du Saint-Esprit ). Elle convient donc pour recevoir le sacrement du pardon, ou pour des temps de prière personnelle. La piété occidentale moderne l’a substituée, à tort, à l’inclination pour vénérer l’eucharistie.

Lever les mains : dans la Bible c’est d’abord un geste de supplication instante « écoute ma voix quand je lève les mais vers toi » Ps 28,2 ; c’est aussi un geste  de louange et d’exultation « Je lève les mains vers tes commandements que j’aime tant » Ps 119, 48

 

Étendre les mains (pendant le Notre Père par ex.) pour signifier l’intercession, l’ouverture du cœur et l’accueil de la volonté de Dieu.

 

D’autres gestes sont bien sûr possibles du moment qu’ils aident à se mettre en présence du Seigneur qui Lui ne cesse de venir à notre rencontre.